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La cacahuète

Il y avait quelque chose d’inhumain dans l’atmosphère, quelque chose de différent, d’inhabituel. L’air lourd, épais semblait presque étouffant. Le ciel comme éteint ne laissait paraître aucunes étoiles, la lune disparue plongeait alors la terre dans une obscurité profonde. La nuit était à présent privée de lumière, de toute forme de vitalité, de toute forme absolue de vie.

Il n’y avait plus rien, plus que les souvenirs de ce qui avait fait le monde, seulement la mémoire de ceux qui, un jour avaient existés, foulant ces terres aujourd'hui plongées dans le noir, total.

Il n’y avait plus rien que la peur, la solitude et le désespoir.

​

Et c’est là, à cet instant, à ce moment que nous sûmes, nous comprîmes ce que la vie était devenue. Ce que le monde à présent serait ; rien d’autre qu’une boîte, vide, sombre et froide.

 

Mort.

               C’est là que les félicitations s’imposent je suppose. Alors bravo ! Bravo à nous, la fierté de l’Histoire de l’HISTOIRE. L’espèce évoluée, les chefs, les rois de notre propre royaume, cette espèce puissante, créative, malade et corrompue, nous. Nous l’avons fait. Nous avons finalement mis fin au monde.

               Personne ne savait quoi attendre après cela. Le soleil allait-il se lever ? L’air finirait-il par redevenir respirable ? Comprenez que ce n’était pas la fin du monde que nous avions tous attendu ; pas de big bang, pas d’explosion, pas de feu, de sang, de guerre. Rien, mis à part ce noir, cette noirceur partout, cette obscurité, froide et sans vie. Rien que du vide et cette vive sensation qu’il n’y avait plus de future. Non  pas que nous allions tous mourir, non, non, juste que le temps avait tout simplement disparu. Oui, tout simplement, comme cela. Nous n’avions plus cette sensation du temps qui passe. Les minutes, les heures, elles défilaient, ou pas, personne ne le savait. Personne ne savait combien de temps s’était écouler de leur misérable vie depuis que la nuit glaçante de l'éternité s'était abattue sur nous. Personne.

​

Mais on ressentait tous la même chose, on ne pouvait savoir de quoi serait faites les minutes à venir, car rien n’était supposer arriver. On vivait à présent comme dans un film sans réalisateur, assis dans un bus sans chauffeur. On prenait le temps qui n’était plus à nous. On vivait à crédit. on s'endettait, on allait droit dans un gouffre et on y allait en courant. 

 

Et ce n’était que le début.

​

Alors qu’avons-nous fait ?

               Nous avons fait ce que nous avons toujours fait, on ne change jamais je suppose. On n’a menti, on a caché la vérité, on s’est menti à nous même, à nos enfants, on a corrompu la réalité, pour la rende meilleur, on a maquillé ce visage malade et laid du monde que nous avions créé.

Mais nous étions fière, oh oui nous étions fière. Nous avions survécu ! NOUS avions survécu à la fin du monde. Nous marchions maintenant sur les cendres de ce qui un jour nous avions appelé notre chez nous. Mais nous n’en avions que faire. Nous avions survécu.  Le temps était venu, notre temps, ce temps où nous serions les rois ; les plus grandes, les plus fortes, les plus puissantes créatures sur cette planète. Les dernières créatures encore debout.

​

               Ça vous semble fou ? Quelle fin du monde est-ce là ? Pas de sang, de guerre ? Nous humains les derniers survivants ? Mais les survivants de quoi ? Comment toutes les autres formes de vie sur terre avaient-elles disparus ?

​

N’avez-vous donc aucune foi en nous ? Je vous vois, vous innocente créature. Comment osez-vous douter de nous. Si peu de confiance ? Ou un peu d'espoir, peut-être...

Mais, comment osez-vous poser la question ?! Comment osez-vous douter de notre pouvoir. Comment toutes les autres espèces ont-elles disparus ? Nous les avons tuées, toutes, nous l’avons fait ! cela vous laisse sans voix ? Oui, nous serviles humains que nous somment, l’une après l’autre, une à une, nous avons détruit le monde, brulé chaque arbres, asséché chaque rivière, mer, océan, empoisonné tout les sols, consumé, vidé, corrompu toutes les ressources ; et chaque être vivant mourait, chacun l’un après l’autre, affamé, malade, assoiffé. Et pour ceux qui prenaient trop de temps à mourir, nous les avons aidés.

Et enfin, enfin après de longs mois, acharnés à conquérir les derniers morceaux de terre nous étions les derniers ! Voilà comment tous sont morts. C’était une question de survie. Nous devions garder la terre pour nous, notre espèce.

 

Enfin, là, nous l’avions, cette terre, du moins ce qu’il en restait. Mais nous étions là ! Alors prosternez vous devant vos rois.

 

     A qui suis-je entrain de parler ?

A vous ! Suis-je fou ? bien sure ! Tout seul ? Aussi ! Mais seul ? Jamais ! Nous sommes légion dans ma tête ! Et vous, vous l’avez trouvé, le dernier témoignage, la dernière trace écrite qui vous raconte comment le monde s’est arrêté.

Parce que vous vous doutez bien que nous ne nous sommes pas arrêté là. Vous pouvez deviner que lorsque nous avons réalisé qu’il n’y avait plus que nous, que toutes les ressources étaient épuisées, que plus rien ne restait, bien nous l’avons eu notre guerre ! Oh et nous nous étions entrainés si longtemps, tant d’années qu’à présent nous étions devenus expert en meurtres ! Si doués, si doués étions nous, à nous entre tuer.

 

Mais il n'y avait pas le choix, car vous savez, quand une cacahuète se trouve être le seul repas de votre semaine, vous vous battez pour elle. Vous vous battez quand bien même vous savez que bientôt il n’y aura même plus de cacahuète. Mais vous vous battez pour celle-ci, vous ne voulez pas voir votre fin venir, alors vous vous battez. Il n’y avait plus de familles, d’amis, sauf si vous étiez prêt à partager ; l’auriez vous été ? Je ne l’étais pas. Alors me voilà ; le seul, le dernier survivant des derniers survivants. Avec personne d’autre que mes voix à qui parler. Alors ce témoignage est pour vous. Celui entrain de lire. Il est pour toi. Toi, celui que j’étais, le moi du passé.

​

               Il était si facile pour toi de changer, il aurait été si facile de changer. Pourquoi tu ne l’as pas fais ? Tu étais si égoïste, à choisir de protéger ton mode de vie confortable et meurtrier. Pourquoi as-tu choisi de continuer en sachant que cela te couterait la vie ? Tu le savais.

Toi, être stupide, fainéant, égoïste et immature, ouvre les yeux et admet le, tu dois faire quelque chose, tu dois changer et sauver ce monde entrain de mourir et tu le sais.

​

ARRETE DE MENTIR, D’ARGUMENTER, D’IGNORER. Le passé est le passé, et ce que nous avons fait dans le passé nous a amené où nous sommes, notre style de vie nous a amené où nous sommes, notre progrès nous à amené où nous sommes, notre fierté, notre avidité, notre soif de pouvoir et de puissance nous ont amené ici. Et tu t’obstine à croire que c’est juste ?

​

C’est parce que nous avons toujours fait comme ça que c’est forcément juste ? Y crois-tu encore à cet argument ?

​

MAIS NOUS EN SOMMES LA… et on meurt. Mais continue, vas-y, continue. Continue parce que nous avons toujours fait comme ça. Vas-y continue et bientôt tu n’aura plus à te demander si tu dois changer, si nous avions raison ou tors, si tu dois faire des efforts ou non, car bientôt tu n’auras plus qu’un soucis en tête, manger cette dernière cacahuète ou la garder jusqu'à la fin, jusqu’à ce que ton corps n’ai même plus la force de la soulever jusqu’à ta bouche.

Et moi je te pose cette dernière question avant de mourir avec ma cacahuète dans la main, en m’accrochant à cet espoir fou que tu feras quelque chose, que tu viendras me sauver, peut-être. Je rêve et j’hallucine parfois et je me dis que tout cela n’est qu’un rêve et que tu peux encore faire quelque chose ; alors je te le demande.

 Comment veux-tu mourir ?

Le festin

Les tambours sonnaient dans la nuit battants au rythme des cœurs enflammés des Hommes rassemblés autour du feu. On attendait le retour des guerriers. Ce soir était le soir, un grand soir.

La nuit, douce et chaude enivrait les esprits. Ils tenaient entre leurs mains les armes affutées et la salive coulait entre leurs dents acérées. La tension palpable montait, ils étaient prêts, prêts au combat.

Leurs chant de guerre s’élevaient dans les airs et dansaient au-dessus du brasier. Du feu jaillissait de petites étincelles qui s’envolaient pour se fondre dans les étoiles.

Certains Hommes ravivaient les flammes, ils entretenaient leur fureur brûlante en jetant dans la fournaise de leurs désirs les plus secrets de grandes bûches de bois mort. Dans l’obscurité, à la lumière des morceaux de hêtre, de chêne et de bouleau embrasées les ombres déchainées dansaient, elles dansaient la mort de leurs ennemis, elles dansaient la victoire, elles dansaient le festin à venir. La musique raisonnait dans chacun d’entre eux, ses vibrations venaient se heurter aux corps excités ; ces corps d’hommes et de femmes qui se mélangeaient, se frottaient les uns contre les autres. Très vite l’assemblée prenait la forme d’une bête sans nom s’agitant tel un vers nu, une bête en sueur, une bête excitée et affamée ; une vague humaine, humide et assoiffée. Ces danses rituelles illustraient la fièvre, la soiffe de sang, la faim de chaire qui les envahissait peut à peu.

               L’odeur de bois brûlé caressait les Hommes, elle venait agiter encore la bête, elle ajoutait à l’envie, à la faim, la faim non pas seulement de chaire mais de vengeance, de pouvoir, de puissance. Cette faim empirique régnait en maître absolue ce soir. Ils allaient enfin, par ce bûcher affirmer leur puissance face à leurs ennemis, ils seraient aux premières lueurs du jour, quand les braises encore chaudes finiraient de consumer les corps calcinés, les derniers morceaux de cadavre trop cuits de leurs ennemis vaincus, ils savaient, qu’ils seraient les maîtres incontestables et incontestés de cette terre à présent la leur.

               Ils attendaient, encore, maintenant, on apportaient la boisson sacrée, mélange de sucre et d’alcool, ils devaient laver leurs corps pour accueillir celui de leurs ennemis. Alors ils buvaient, ils buvaient pour étancher leurs soif, ils buvaient pour se laver, se purifier, l’alcool coulait dans leur gorge, il remplissait leurs corps, il coulait dans leur sang et leurs esprits enivrés s’adonnaient à de puissants délires, l’excitation toujours plus grande se ressentait plus forte que jamais. Ils buvaient, ils buvaient encore et encore, ivres, plus rien ne pourrait étancher leur soif que la graisse et le sang qu’ils arracheraient à la chaire de leurs ennemis, ce sang chaud qui bientôt coulerait entre leurs dents. Ils pourraient bientôt déchiqueter les corps de ces sauvages sans noms.

               La chaleur toujours plus forte, le feu toujours plus grand, ils dansaient, ils buvaient, ils étaient prêts ; certains entretenaient le brasier, les autres aiguisaient les armes. Ils chantaient et déjà festoyaient. Et ils attendaient, le retour des vaillants, le retour des braves, le retour des victorieux.

               Au loin, comme deux yeux, deux billes d’or, deux soleils enflammés les lumières annonçaient le retour de ces guerriers, vaillants et courageux. Ils avaient vaincu, ils étaient les ‘’victorieux’’. De l’excitation à présent incontenable s’élevaient les cris de victoire, les applaudissements. Les corps morts étaient là, arrachés à la vie, gisant dans leur sang. La puissance, la prédation humaine dans toute sa splendeur.

Les guerriers sortaient à présent de leur voiture et, d’une main vaillante, virile et fière, le préposé au barbecue se saisissait des barquettes fraîchement achetées, les chipolatas, merguez, côtelettes d’agneau et autre chaire en décomposition ; tout était là, le dîner alors vite serait servi. On sortait déjà les chips pour patienter et bientôt l’odeur de viande remplirait les airs. L’été était bien là.  

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